Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Aurélie, j’ai 36 ans. Je vis à la Teste-de-Buch, je suis serveuse dans un restaurant sur le front de mer à Arcachon.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Je suis originaire du Pas de Calais (Saint Omer). J’ai découvert le bassin d’Arcachon en 1998 pendant mes études à l’AFASEC et plus précisément en stage à l’hippodrome chez M. Jean François BERNARD. Ensuite j’ai continué mes études et je suis revenue m’installer en 2006 sur La Teste.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Je vis dans l’éco quartier de La Teste – par le plus grand des hasards. C’était le seul logement vacant dans un état décent au moment où je cherchais à me loger. Par la suite, quand nous avons voulu déménager dans une maison avec mon conjoint, nous n’avons trouvé que dans l’éco-quartier, à nouveau.
Dans le voisinage proche, j’ai des amies sur qui je peux compter nuit et jour. De bons voisins également, avec lesquels nous organisons des apéros aux beaux jours, des échanges de bons procédés, des recettes, des confitures, des propositions de garder mon enfant à venir. Mais j’ai aussi des voisins que je ne vois jamais ou très rarement avec qui les relations sont plutôt tendues à cause de nos différences de mode de vie.
Je passe le plus de temps sur mon lieu de travail… Mais plus sérieusement dans la nature, en promenade avec mon chien dans les bois. Mon lieu préféré reste la plage, au Pyla, à Péreire ou sur le front de mer d’Arcachon.
Je suis amoureuse du bassin et de tous les endroits magiques qu’il peut m’offrir.
Qu'aimez-vous dans votre lieu de vie ?
La qualité de vie, d’une manière générale, au printemps ou à l’automne, avant et après « l’invasion touristique » pour profiter du temps qui nous permet de vivre en plein air. J’apprécie surtout les promenades en vélo ou à pied, la plage…
Et puis son emplacement géographique. Loin de rien et de tout en même temps. La Teste reste une ville assez vivante avec des commerces, même s'il n'y a rien pour le médical et que les activités sportives sont réduites en fonction de nos disponibilités.
Qu'aimez-vous dans votre département ou les autres endroits qui vous entourent ?
C’est une région viticole, touristique, avec un superbe aménagement sur les quais de Bordeaux, avec des transports en commun qui permettent d’éviter la circulation et l’utilisation d’un véhicule. C’est un département agréable à vivre avec de chouettes aménagements médicaux à Bordeaux et la CUB (hôpitaux et spécialistes en tout genre car sur le bassin c’est le désert).
Qu'aimez-vous dans votre région ?
J’y porte très peu d’intérêt.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Chez moi, au travail, à l’hippodrome, à la plage, le lac de Cazaux. Je suis amoureuse du bassin et de tous les endroits, magiques pour moi, qu’il peut m’offrir.
Je déteste l’arrogance et le manque de politesse des « locaux » qui vous expliquent qu’ils sont des « gens du cru » et non « des touristes » [...]. Ce sont les vacanciers qui nous permettent de vivre.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
Partout et nulle part. Ce que je supporte mal ce sont les incivilités et le manque de savoir-vivre de la population, locale ou non.
Je déteste l’arrogance et le manque de politesse des « locaux » qui vous expliquent qu’ils sont des « gens du cru » et non « des touristes » qui heureusement nous font vivre l’un comme l’autre.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Habiter ici me permet de vivre à mon rythme. Je travaille dans la restauration, je conjugue donc les avantages et les inconvénients. Dès l’arrivée des vacanciers qui, oui, nous permettent de vivre ; mon mode de vie sociale disparaît pour m’investir dans mon travail et m’épanouir professionnellement. A la mi-saison (en général printemps et automne) mon travail me permet de me dégager du temps libre pour profiter de la qualité de vie sur le bassin, mes loisirs, mon conjoint, mes vacances. L’hiver, mon activité professionnelle « tourne au ralenti » je bénéficie de petites semaines de travail pour du repos, des vacances au soleil …
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
Je ne peux pas profiter de la saison. Tout est organisé pour les vacanciers ou pour les touristes, que ce soit en saison ou hors saison. J’ai des horaires de travail atypiques, comme beaucoup de personnes qui travaillent dans le service. Rien n’est fait pour nous. Dès qu’on doit faire des démarches ou si nous avons besoin d’un service médical pointu, nous devons aller à Bordeaux.
Dès qu’on doit faire des démarches ou si nous avons besoin d’un service médical pointu, nous devons aller à Bordeaux.
Pour les sorties, les loisirs, c’est la même chose. Tout est fermé l’hiver ou alors les horaires ne conviennent pas aux personnes travaillant avec des horaires atypiques. Alors que c’est grâce à nous que les touristes sont satisfaits et peuvent profiter de la région. C’est la même chose pour les crèches, etc.
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
Ce serait aider la population à rajeunir, dynamiser les différents quartiers de La Teste, mettre en place des garderies, des crèches, MAM, pour faciliter la reprise du travail des jeunes mamans, laisser les bars ou after work, créer des lieux d’échange au lieu de tuer le centre-ville.
J'aimerais que le schéma des pays scandinaves nous inspire, pour l’entraide, le savoir-vivre, le respect, le mode scolaire…
Comment voyez vous votre région dans 5 ans ? dans 10 ans ?
Grande question… Je suis utopiste mais j’aimerais que le schéma des pays scandinaves nous inspire, pour l’entraide, le savoir-vivre, le respect, le mode scolaire… Mais il faut y croire pour faire changer les choses.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
Nos espaces naturels. Cessons de faire « du Pichet » bien que nous manquions cruellement de logements ! Mais faire pousser des immeubles pour créer des logements, ce n’est pas terrible. Le projet de l’éco-quartier est génial. Il respecte les lieux et permet de combiner la nature et le besoin de logement.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
Plus de respect entre les gens. Et faciliter la vie de toutes les générations. Les « jeunes » ont du mal à devenir propriétaires d’une maison suffisamment grande pour accueillir leurs enfants, et proche de leur lieu de travail. Je n’ai pas envie de m’éloigner du bassin pour pouvoir me loger, et de faire une heure de voiture pour rejoindre mon travail en front de mer.