Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Gérard, j’ai 67 ans. Je suis retraité. J’ai passé une grande partie de ma carrière à Bordeaux. J’avais hérité d’une maison de famille en Corrèze que j’ai fait retaper à la faveur de ma retraite en 2017. Je suis dans l’agglomération de Brive, mais en dehors de la ville. Je vis à la campagne. Cela change de l’environnement bruyant que j’avais quand je vivais à Bordeaux près de la barrière Saint-Genès.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Ma famille est originaire de Corrèze. J’ai quitté le département très tôt pour aller faire mes études à Toulouse puis Paris. Mon métier m’a amené à voyager dans toute la France. Entre Paris et les Pays de Loire. Par la suite le Sud-ouest au sens large = Aquitaine + l’Occitanie. Je gardais toujours des contacts avec ma famille en Corrèze et je n’y revenais qu’en vacances. Aujourd’hui j’y suis revenu pour ma retraite.
Quel est votre plus beau souvenir ici ?
Mes plus beaux souvenirs c'est le Sud-ouest. C'est quand je travaillais dans la région : les Landes, le Lot et Garonne, les Pyrénées atlantiques, les Deux Sèvres... Le côté bien vivre avec de la convivialité. C'est ce côté océan / montagne. Et aussi un savoir-vivre que je n’ai pas vu dans les autres régions de France dans lesquelles j’ai travaillé.
Il y a ici un savoir-vivre que je n’ai pas vu dans les autres régions de France dans lesquelles j’ai travaillé.
À quoi ressemble votre quotidien ? À quoi ressemble le lieu où vous vivez ?
J’ai la chance de vivre dans une petite ville de l’agglomération de Brive. Les principales compétences ont été transférées à l’agglomération ; il nous reste les écoles, le social, la voirie communale… C'est une ville de plus de 2000 habitants. J’ai été élu aux élections municipales de mars 2020 sur une liste unique d’union. Cela me permet de participer à la vie publique. Je profite des commerces et services de proximité. On n’a pas toujours le temps d’en profiter dans une grande métropole telle que Bordeaux. La proximité avec les commerçants et les habitants. Rendre service pendant la première de confinement. J’allais approvisionner en denrées alimentaires les personnes âgées isolées qui n’avaient pas de parent proche ni de voiture. Ce côté service public me plaît beaucoup.
Ce côté service public me plaît beaucoup.
J’aime beaucoup le bistrot du centre-ville où je vais les matins de beau temps pour prendre mon café en terrasse. J’ai en face de moi la mairie, l’église et la plupart des commerces. C'est ce côté vivant où les gens se connaissent. Le clocher médiéval de l’église a été rénové et a reçu un Ruban régional du patrimoine.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Les déplacements se font essentiellement à pied ou en voiture selon que l’on va dans les commerces du centre-ville ou au supermarché et dans les zones commerciales de Brive. La région de Brive est dans une plaine, mais dès que l’on va vers le nord ou l’est, on est vite sur les contreforts du Massif central. Il faudrait un vélo à assistance électrique et encore ! Je privilégie les déplacements à pied comme je le faisais à Bordeaux. Par contre, pour aller faire les courses à Brive, le seul moyen c'est la voiture.
J’achète beaucoup à la ferme chez les producteurs locaux de mon village. Nous avons un boucher qui vend aussi des produits locaux (fromages, yaourts, tisanes, pâtes, miel…). Pour les autres achats, je vais dans une supérette.
Ici l’avantage est que, dès que vous sortez du centre-ville, vous pouvez faire des randonnées. C'est une commune où il y a 4 circuits de randonnées balisés qui ont d’ailleurs eu beaucoup de succès avec la crise et le confinement. C'est l’avantage de la Corrèze, c'est un département nature.
Ce que j’aime c'est la vie de village. Un lieu où les gens se connaissent et sont prêts à se rendre service.
Qu'aimez-vous dans votre lieu de vie ?
Ce que j’aime c'est la vie de village. Comme je le disais. Un lieu où les gens se connaissent et sont prêts à se rendre service. C'est ce côté « small is beautiful ».
Qu'aimez-vous dans votre département ou les autres endroits qui vous entourent ?
L’intérêt est double. D’abord c'est le fait que ce soit un département vert à faible densité de population, mais qui a quand même un potentiel de développement économique très fort. Il y a une zone artisanale qui va doubler de superficie. La Corrèze est à la croisée de deux grandes autoroutes (A20 : Paris-Toulouse ; A89 : Bordeaux-Clermont-Lyon). Ma commune est au carrefour des deux. Cela permet de maintenir et de favoriser l’emploi.
Qu'aimez-vous dans votre région ?
La région c'est la Nouvelle-Aquitaine, pour moi c'est même le Grand sud-ouest. C'est une région de bien vivre, le fief du rugby. C'est une région où on a le sens de la fête et de la convivialité.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Le café c'est le côté convivialité et vie quotidienne. Sinon c'est chez moi j’ai une maison sur une petite colline. Devant chez moi j’ai deux palmiers, un bananier et au loin on peut apercevoir Brive et sa vallée. Le soir on peut voir les lumières de la ville. L’idéal c'est en été sur ma terrasse un bon bouquin, une bonne musique, c'est parfait.
La Corrèze tout comme la Creuse sont un peu les oubliées des liaisons ferroviaires avec Bordeaux. La SNCF m’a même déjà proposé de faire Brive Bordeaux en passant par Montauban.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
Honnêtement j’ai du mal à en trouver. La seule chose qui me déplaît c'est que nous sommes les oubliés des transports publics vis-à-vis de la capitale régionale (Bordeaux). Si je veux aller en train à Bordeaux (TER), c'est l’enfer. Il n’y a pas de ligne directe Lyon – Bordeaux qui passerait par Brive. J’ai vu qu’il y avait une société privée qui voulait relancer la ligne. Si on veut aller de Brive à Bordeaux en train direct, c'est quasiment impossible, il faut passer obligatoirement par une correspondance à Périgueux. On met plus de temps en train qu’en voiture. Et quand on est en voiture, rentrer dans Bordeaux c'est souvent compliqué. Quant à trouver une place de stationnement, je n’en parle même pas ! La Corrèze tout comme la Creuse sont un peu les oubliées des liaisons ferroviaires avec Bordeaux. La SNCF m’a même déjà proposé de faire Brive Bordeaux en passant par Montauban. On a l’impression que tout est fait pour favoriser l’A89, l’autoroute grâce à laquelle, il faut toutefois le souligner, on va de Brive à la rocade de Bordeaux en deux heures. J’espère que la Région s’en occupera. Et il ne faut pas oublier Tulle et Ussel qui sont également très mal desservies par le rail.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Aujourd’hui avec internet, même si on n’a pas le haut débit -mais que le Département est en train de déployer la fibre- on peut faire beaucoup de choses. Mais vivre ici me permet de faire et de profiter de choses que je ne pouvais pas faire à Bordeaux. Comme souffler un peu, vivre au calme, mieux profiter de la vie sans bouchons ni trams bondés, ce que j’avais déjà subi à Paris. Quand je me déplace, je sais que je ne vais pas avoir d’embouteillage sur une rocade.
J’aimerai un développement plus harmonieux des territoires.
Il faut arrêter de faire des capitales régionales qui sont invivables et qui chassent les plus modestes d’entre nous dans des zones périphériques mal desservies.
Comment voyez vous votre région dans 5 ans ? dans 10 ans ?
Comme l’ont mis en évidence le confinement et les élections municipales (Bordeaux et Poitiers) c'est qu’il faut arrêter la croissance et la densification urbaine à tout va. Je le mesurais déjà avant de quitter Bordeaux où il y avait des chantiers partout. Les gens devenaient agressifs. Dès que le tram tombait en panne, plus personne ne pouvait circulait. J’ai l’impression que Bordeaux à force de vouloir se développer n’est plus la ville humaine qu’elle aurait voulu rester. J’aimerai un développement plus harmonieux des territoires. Au niveau national le pouvoir commence à en prendre conscience. Il faut arrêter de faire des capitales régionales qui sont invivables et qui chassent les plus modestes d’entre nous dans des zones périphériques mal desservies. C'est ça le vrai problème. Il faut également développer toute une économie autour des services de proximité. En Corrèze il y a des villages où avoir un service public est devenu difficile.
Il faut développer une agriculture plus respectueuse de l’environnement et quand c’est possible biologique pour améliorer la vie et la santé des habitants.
J’espère que c'est cette orientation-là que la région Nouvelle-Aquitaine accentuera.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
On a pu le constater cet été avec la crise sanitaire, le tourisme vert (Dordogne, Lot-Et-Garonne, Corrèze, Creuse) s’est beaucoup développé. C'est cela qu’il fait préserver. C'est ce cadre de vie, mais pas seulement sur le côté biodiversité qui est par ailleurs primordial, mais aussi maintenir une vie et une activité économique sur ces territoires.
C'est ce cadre de vie qu'il faut préserver, mais pas seulement sur le côté biodiversité qui est par ailleurs primordial, mais aussi maintenir une vie et une activité économique sur ces territoires.
Un exemple : non loin de chez moi, il y a une culture de pommes AOC (Pomme du Limousin). Les pomiculteurs utilisaient des pesticides dans les arbres. A la suite d’un gros mouvement de contestation d’une association dont le président était un médecin, des manifestations de riverains ont été organisées et la Corrèze a même était le centre d’attention de quelques médias comme « Envoyé spécial » (France 2) avec un reportage intitulé « le triangle de la mort ». Le préfet a pris l’initiative de mettre tout le monde autour de la table et les producteurs se sont engagés à réduire la pulvérisation de leurs produits voire pour certains à passer au bio. De plus, une application a été mise en place pour prévenir les habitants des jours d’épandages. La discussion a été constructive pour améliorer la vie tout le monde.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
Pour l’instant pas grand-chose. Enfin si, il pourrait y avoir l’inversion de la courbe du réchauffement planétaire, mais cela dépasse la Région. On le mesure sur la végétation, et sur l’enchainement des mois à forte chaleur. C'est vraiment ce qui m’inquiète le plus.