Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m'appelle Isabelle, j'ai 55 ans et je vis à Poitiers depuis 16 ans. J'ai exercé assez longtemps comme enseignante d'allemand dans différents collèges et à l'université.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Ma famille est originaire de l'Ariège. Mes parents se sont rencontrés à Toulouse avant de "monter à Paris" pour y travailler. C'est là que j'ai grandi et vécu jusqu'à mes 20 ans. J'ai ensuite vécu en Suisse alémanique, un peu dans la Creuse, la Corrèze, pas mal à Toulouse, et je suis arrivée à Poitiers en 2004, à l'occasion d'un recrutement.
La vie à Poitiers me permet de concilier qualité de vie et vie associative comme culturelle très riche.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Actuellement, j'essaie d'amorcer ma 3ème (et dernière) reconversion professionnelle, et je passe beaucoup de temps dans mon atelier à faire des collages. Après le 1er confinement et avant le 2ème, j'ai participé à un projet de danse urbaine qui m'a beaucoup absorbée et passionnée pendant un an.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Les moments que je préfère sont ceux que je passe à danser avec d'autres, à "coller" dans la solitude de mon atelier, à faire du sport ou du roller avec les membres de mon club, à manger et boire avec mes proches et mes ami.e.s, à randonner sur les petits sentiers ariégeois.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
Je déteste les grandes surfaces et les cinémas à pop corn.
Il faudrait préserver les ressources en eau qui sont menacées par le réchauffement climatique et par le pompage des grandes exploitations agricoles de la région.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
La vie à Poitiers me permet de concilier la qualité de vie (calme, courtes distances et rapidité de déplacement, possibilité de faire beaucoup de choses à pied) et vie associative comme culturelle très riche. J'ai pu participer ici à des projets culturels associant les habitants auxquels je n'aurais pas eu accès aussi facilement dans une grande ville, je pense.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
L'éloignement m'empêche de voir souvent mes plus ancien.ne.s ami.e.s et ma famille, qui vivent dans le sud de la France.
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
Il me semble qu'il faudrait soutenir davantage les étudiant.e.s, dont un grand nombre sont boursières ou boursiers, dans la région, et obligé.e.s de travailler pour financer leurs études. J'ai connu des étudiant.e.s qui travaillaient 30 heures par semaine, ce n'était pas compatible avec la réussite de leurs études. Le confinement, qui les a privé.e.s de leurs jobs, n'a fait qu'accentuer la précarité des étudiant.e.s.
Le système néolibéral basé sur la concurrence et l'exploitation des ressources, naturelles comme humaines, va devoir faire place à autre chose si nous voulons préserver l'environnement et un minimum de qualité de vie.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
Il faudrait préserver les ressources en eau qui sont menacées par le réchauffement climatique et par le pompage des grandes exploitations agricoles de la région. La centrale nucléaire de Civaux contribue aussi à assécher un peu plus la rivière qu'est la Vienne.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
On aura besoin de solidarité, d'équité et d'humanisme pour faire face aux défis environnementaux, économiques et sociaux qui se profilent. Le système néolibéral basé sur la concurrence et l'exploitation des ressources, naturelles comme humaines, va devoir faire place à autre chose si nous voulons préserver l'environnement et un minimum de qualité de vie.