Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Caraire Jean Claude, je suis retraité de l'Éducation Nationale, agrégé de Sciences physiques et je vis à Angoulême.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Né dans le Lot et Garonne, près de Villeneuve sur Lot, mon circuit scolaire passe par Casseneuil (Cours complémentaire), Villeneuve (Lycée), Agen (École normale), Bordeaux (Capes et agrégation) avec un premier poste de professeur à Blois pendant 12 ans, avant d'atterrir à Angoulême il y a maintenant 40 ans.
Habiter (...) dans un quartier populaire en rénovation urbaine me permet (...) de faire vivre une utopie politique : transformer les projets imposés et ficelés en projets construits avec et pour les habitants.
À quoi ressemble votre quotidien ?
J'habite un quartier populaire, un choix de vie que j'ai fait il y a 40 ans, après une première tranche de vie dans un quartier populaire à Blois où j'ai découvert les joies d'un engagement militant contre un urbanisme complètement ségrégatif et inhumain. Le quartier où j'habite aujourd'hui est le symbole même de la ségrégation urbaine avec une pauvreté galopante.
Artisan du Conseil citoyen, avec beaucoup d'autres, nous nous battons pour réintroduire de la mixité sociale et, pour associer les habitant-e-s aux projets d'aménagement et combattre une situation sociale très dégradée. J'aime ce quartier où j'interviens depuis longtemps : quatre mandats municipaux dont trois d'opposition constructive, animation d'un groupe prévention déchets à Charente Nature, CA du Centre social...
Lectures, dont celle du Monde chaque jour, vélo en ville et en randonnée, sorties en forêts et dans la nature sont mes loisirs préférés.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Bien sûr je me sens bien dans ma famille et mon quartier. Les endroits où je vis intensément sont de nombreuses associations : réseau de la Maison des Peuples et de la Paix que j'ai crée avec d'autres lors de mon premier mandat municipal, passage par le Comité des jumelages impliqué dans le jumelage avec Ségou au Mali, Charente Nature dans le groupe prévention déchets créé en 2000, et porteur de nombreux projets d'animation dont plusieurs fêtes de la Récup puis groupe Transition Énergétique où je frotte mes convictions antinucléaires aux réalités plus motivantes du scénario Négawatt.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
Dans les zones commerciales complètement réservées aux voitures et sur la nationale 10 obligé à doubler le mur des camions.
Je déplore le manque de présence humaine dans mon quartier que ce soit les services publics, complètement absents, où les moyens humains mis à la disposition des associations qui sont insuffisants.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Habiter à Angoulême, dans un quartier populaire en rénovation urbaine me permet, à travers le Conseil citoyen, de faire vivre une utopie politique : transformer les projets imposés et ficelés en projets construits avec et pour les habitants. Ne pas considérer ces derniers comme des citoyens passifs mais experts citoyens quelles que soient leurs conditions de vie. Concrètement nous proposons la mise en route d'une conciergerie solidaire : pour les salariés, la Conciergerie offre de nombreux services du quotidien (repassage, pressing, livraison de produits frais, baby-sitting, ménage, colis...) ainsi que des services pour les entreprises (accueil, courrier, gestion des déplacements, entretien des locaux, livraison de plateaux repas...) et d’animations événementielles. Pour les habitants de quartier, c’est un guichet unique pour de multiples services relais (Poste, mobilité, permanences administratives, tâches quotidiennes, Service d’Échange local, ressourcerie, médiation de voisinage...) et animations entre voisins. Entreprise d’insertion par l’activité économique, la Conciergerie solidaire recrute des salariés en parcours d’insertion, accompagnés par un encadrant technique, pour une durée maximum de deux ans. Elle est également sensible à la cause environnementale, en s’installant au sein de bâtiment éco-conçu tels que Darwin écosystème à Bordeaux, en permettant de mutualiser des déplacements (pour les services réalisés), en faisant appel à des prestataires sensibles à l’écologie (nettoyage de véhicules sans eau, produits de ménage écologiques, pressing écologique, etc.), et en sensibilisant les salariés et habitants, notamment par des actions de collecte et de prévention de déchets.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
Le manque de présence humaine dans mon quartier à la fois des services publics, complètement absents, et des moyens humains insuffisants mis à la disposition des associations.
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
De lier la lutte contre les inégalités sociales et le combat pour le climat et la sauvegarde de la biodiversité et du vivant.
J'aimerais une économie sociale et solidaire où chacun a une activité, un revenu de base et un milieu de vie imbibé de nature et du vivant.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
La nature dans tous les lieux de vie et en particulier dans les quartiers populaires.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
D'une économie sociale et solidaire où chacun a une activité, un revenu de base et d'un milieu de vie imbibé de nature et du vivant.