Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Jean-Emmanuel, j’ai 53 ans et je vis à Mérignac, quartier Bourranville, depuis 20 ans.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Je suis né dans l’Isère à Saint-Martin d’Hères, et j’ai vécu 25 ans dans les Bouches-du-Rhône entre Salon et Aix. Je suis arrivé à Bordeaux en janvier 1993 pour travailler dans une association qui s’occupait d’accompagner des jeunes de 18 à 25 ans vers l’emploi. J’ai habité Bordeaux 6 ans, cours Victor-Hugo puis Quartier Saint-Pierre, avant de m’installer à Mérignac un peu avant la naissance de mon fils. Il nous fallait trouver un appartement plus grand avec un loyer abordable et dans une commune proche de l’aéroport et pas trop loin de la Gare Saint-Jean, car à l’époque je partais en déplacement presque toutes les semaines pour mon travail. Nous avons habité 2 ans dans une résidence du centre-ville, puis nous avons déménagé ici pour un appartement plus grand quelques mois avant la naissance de ma fille.
Quel est votre plus beau souvenir ici ?
La rencontre avec mon ex-femme et la naissance de mes enfants.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Le quartier de Bourranville est assez mixte, avec des résidences HLM et du secteur privé et des maisons individuelles, la plupart construites dans les années 60 - 70. Y cohabitent des familles de milieux modestes et de la classe moyenne. Je vis dans l’appartement dans lequel nous sommes installés avec mon ex-femme en 2001, que j’ai conservé après mon divorce et que j’ai acheté en 2016. J’y vis avec mes deux enfants, qui sont en résidence alternée.
J’ai de très bonnes relations avec mes voisins d’immeuble, que je connais pour la plupart depuis mon arrivée dans la résidence ; ce ne sont pas devenus des amis (je suis quelqu’un d’assez réservé et solitaire !), mais on se croise régulièrement, on échange sur la vie de la résidence, les travaux, les nuisances, … et on s'entraide au besoin.
Je ne suis pas particulièrement intégré à la vie locale, j’assiste quand je le peux aux réunions du quartier, mais mon tempérament et la place très importante qu’occupe mon travail et mon loisir principal fait que ne je m’y investis pas beaucoup !
Je me déplace le plus souvent à vélo (ou en scooter que j’emprunte à ma fille de temps en temps), d’abord parce que c’est plus pratique ! Le temps de trajet est maîtrisé.
Je travaille près du Jardin public à Bordeaux, et pour me détendre, je vais bien plus spontanément au centre de Bordeaux qu’à Mérignac ; j’y suis en 20mn à vélo, et c’est beaucoup plus agréable de s’y balader, de faire les magasins avec ma fille ou pour moi, et il y a une offre culturelle plus riche (cinéma, librairies, musées) qu’à Mérignac.
Je me déplace le plus souvent à vélo (ou en scooter que j’emprunte à ma fille de temps en temps), d’abord parce que c’est plus pratique ! Le temps de trajet est maîtrisé, ça me permet de faire un peu d’exercice, et je n’ai pas de place de stationnement (et d’amende) à payer. Je prends ma voiture pour aller dans les zones commerciales le weekend quand j’en ai besoin, ou pour sortir de l’agglo.
Je fais mes courses au centre commercial de mon quartier, à 300 mètres, j’y vais à pied. On y trouve un supermarché (pour l’alimentation), un coiffeur, un opticien, un cordonnier et une pharmacie, ce qui satisfait mes besoins du quotidien.
Je ne fais pas les marchés, ni les magasins bio, parce que ça prend du temps ! J’achète des produits bio vendus dans mon supermarché, le plus souvent de la marque distributeur (environ un quart de mes achats).
Je travaille beaucoup avec les acteurs et réseaux associatifs qui agissent dans le champ de la lutte contre l’exclusion. [...] Le service public de l’emploi gère le nombre, mais il n’est pas organisé pour s’occuper de ceux qui cumulent le plus d’obstacles et qui sont les moins autonomes.
Je travaille dans une association (TRANSFER) qui œuvre dans le domaine de l’insertion professionnelle. J’y occupe la fonction de directeur adjoint en charge du pôle formation – conseil. Je travaille beaucoup avec les acteurs et réseaux associatifs qui agissent dans le champ de la lutte contre l’exclusion, ainsi que les collectivités et services de l’Etat, avec lesquels je monte des projets et dispositifs d’accès à l’emploi durable pour des chômeurs en situation précaire (allocataires du RSA, jeunes « décrocheurs », migrants, …). Pour cela, je me déplace régulièrement en France et en Belgique.
Mes principaux loisirs sont le chant et la lecture. Je fais partie depuis quelques années d’une chorale lyrique (Accords Libres) issue du conservatoire de Mérignac. J’y chante comme choriste ténor et suis membre du Conseil d’administration en tant que vice-président. Ça me prend beaucoup de temps (mes enfants disent que c’est mon deuxième travail, et dans leur bouche ce n’est pas un compliment !), mais c’est une vraie soupape, qui équilibre (un peu) un quotidien très pris par mon boulot. Pour le reste, je bouquine des romans policiers et des essais (histoire, sciences politiques). Je vais de temps en temps au cinéma avec des amis.
Qu'aimez-vous dans votre lieu de vie ?
Le calme et la praticité. Mérignac est une ville sans charme particulier, mais qui est très bien située et bien desservie par les transports en commun ; ma résidence est à proximité des lignes 1 et 16 (ce qui permet à mon fils de se déplacer facilement), et la gare de Caudéran, à 500 m, me permet (quand les horaires coïncident) de rejoindre en 10mn la gare Saint-Jean pour prendre un TGV pour Paris ou pour Lille. Elle dispose également d’un bon réseau de pistes cyclables.
Qu'aimez-vous dans votre département ou les autres endroits qui vous entourent ?
La Gironde est un département agréable à vivre, dominé par la viticulture mais avec une grande diversité de paysage et de nombreux lieux à visiter. Bordeaux jouit d’une très belle architecture et bien réhabilitée sous les mandats Juppé (piétonisation d’une grande partie du centre-ville, aménagement des quais, développement du Tram), le bassin et l’océan sont à une heure (hors weekend ensoleillé). La métropole est moins densément peuplée que d’autres agglomérations de taille comparable, ce qui rend moins étouffant d’habiter en ville, encore davantage à Mérignac, où les parcs sont nombreux, et où on trouve quelques vignobles.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Chez-moi ! J'aime également me balader en vélo ou à pied à Bordeaux et faire de bons repas avec mes amis.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
Il n’y a pas vraiment d’endroit où je ne me sente pas bien. Je suis cependant attentif à la montée de l’insécurité dans certains quartiers de Bordeaux, particulièrement pour ma fille quand elle doit rentrer seule le soir en bus ou en scooter.
J’apprécie tout particulièrement le fait de ne pas être obligé de prendre ma voiture tous les jours pour aller travailler et faire mes courses ! C’est une sacrée économie en temps et en argent !
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Habiter Mérignac me permet d’être à la fois à proximité de mon lieu de travail, des commerces et services dont j’ai besoin au quotidien, de mes loisirs et de mes amis. J’apprécie tout particulièrement le fait de ne pas être obligé de prendre ma voiture tous les jours pour aller travailler et faire mes courses ! C’est une sacrée économie en temps et en argent !
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
Développer une économie soutenable, plus économe de nos ressources naturelles, moins polluante (la pollution à Bordeaux est très importante) et qui offre des emplois de qualité pour tous (ou l’on peut s’épanouir et gagner correctement sa vie).
Force est de constater que c’est la Métropole qui a le plus profité du développement ces 20 dernières années ; cela a accentué la relégation des classes populaires et de la classe moyenne en périphérie (et de plus en plus loin), pour pouvoir se loger. Ce qui contraint les gens à des trajets domicile-travail longs et coûteux pour des emplois pas assez rémunérateurs (les emplois d’ouvrier se sont déplacés de l’industrie vers les services, ils sont moins bien rémunérés, avec des tâches plus parcellisées et en prise directe avec la pression du client (les métiers de la logistique et de la livraison et les services à la personnes, particulièrement). Les déséquilibres et les inégalités se sont aggravées, et cela alimente beaucoup à la montée des tensions et des frustrations que traduit le mouvement des gilets jaunes.
Les déséquilibres et les inégalités se sont aggravées, et cela alimente beaucoup à la montée des tensions et des frustrations que traduit le mouvement des gilets jaunes.
Il est absolument nécessaire d’améliorer l’offre de transport en commun et de logement à des coûts accessibles aux personnes modestes ou sans revenus : un jeune qui n’a pas de voiture (et il y en a beaucoup), qui habite Sainte-Foy La Grande n’à aucune possibilité de venir se former à Bordeaux qui concentre l’essentiel de l’offre de formation, sachant que le parc de logement collectif pour les jeunes est très nettement insuffisant et que dans le privé, les studios disponibles sont préemptés par les étudiants dont les parents ont les moyens.
Comment voyez vous votre région dans 5 ans ? dans 10 ans ?
Une région où chacun peut vivre décemment de son travail, et disposer d’équipement et de services de proximité de qualité. Cela suppose de ne pas tout miser sur le développement métropolitain.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
Le climat, nos ressources naturelles et la qualité de vie globale.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
J'aimerais des services publics plus efficaces pour accompagner l’accès à la formation, à l’emploi et au logement des jeunes (et moins jeunes) en situation de handicap et plus généralement les personnes qui vivent dans la précarité. Le service public de l’emploi gère le nombre, mais il n’est pas organisé pour s’occuper de ceux qui cumulent le plus d’obstacles et qui sont les moins autonomes. C’est à la fois une question de moyens humains supplémentaires et de méthodes de travail différentes à promouvoir.