Vous êtes aujourd’hui retraité et habitez Bordeaux. Depuis quand vivez-vous en Nouvelle Aquitaine ?
Laurence : Je suis née à Bordeaux et j’ai toujours vécu dans la ville, ma famille est originaire du Bassin d’Arcachon.
Philippe : Je suis originaire de Saint Pompon en Dordogne, je suis monté à Bordeaux pour les études où je suis resté. Nous nous sommes rencontrés à la faculté ! pendant nos études de droit.
Et d’un point de vue professionnel ?
Laurence : J’ai fait toute ma carrière au sein de la Mutuelle Ociane aujourd’hui partie du groupe Matmut, en tant qu’assistante commerciale auprès des entreprises.
Philippe : Après mes études en droit public je me suis tourné vers la fonction publique, je travaillais au sein du service foncier de Bordeaux Métropole.
Vous êtes donc des fidèles de la Nouvelle Aquitaine, vous n’avez jamais eu envie de changer de Région ?
Laurence : Pourquoi ? C’est la plus belle région de France, nous avons le relief, la mer, le climat. Nous vivons dans une grande ville magnifique.
Aujourd’hui nous sommes retraités et nous visitons souvent nos enfants à Saumur et à Cherbourg, ce sont des endroits très sympas mais cela ne vaut pas la Nouvelle-Aquitaine.
Vous avez devant vous des retraités heureux, nous avons eu la chance d’avoir connu une période sans guerre, sans problèmes économiques trop graves, et pu profiter de notre région à plein.
Quelles sont vos occupations en tant que nouveaux retraités ?
Philippe : Nous allons régulièrement dans notre maison de famille à Saint Pompon, en moyenne trois mois par an, nous visitons nos enfants et nous voyageons dans des villes à la découverte de la France. J’aime prendre le train pour aller passer quelques jours dans des villes que nous ne connaissons pas. C’est aussi le voyage en train qui est un plaisir en soi.
Laurence : Philippe va également souvent randonner avec des amis dans les Pyrénées, le rythme est trop rapide pour moi mais ça ne me dérange pas de rester à Bordeaux, il y a tant à faire ici. Nous ne sommes pas désœuvrés. Vous avez devant vous des retraités heureux, nous avons eu la chance d’avoir connu une période sans guerre, sans problèmes économiques trop graves, et pu profiter de notre région à plein.
Vous connaissez bien la région, est-ce qu’il y a des choses que vous regrettez, qui étaient mieux avant de votre point de vue ?
Laurence : Non pas tant que cela. A part le trafic qui n’a cessé d’augmenter sur les routes de la région.
L’idée de liaison par ferroutage entre le port de Cherbourg et Bayonne en alternative à la route.
Vous vous déplacez en voiture au quotidien ?
Laurence : Plus maintenant. A l’époque où nous avions des enfants nous utilisions beaucoup la voiture, c’était aussi l’habitude partagée de prendre sa voiture pour aller travailler. Aujourd’hui sur Bordeaux nous ne prenons plus que les transports en commun et en dehors beaucoup le train comme nous l’avons dit, et aussi la voiture évidemment.
Philippe : Il devrait y avoir plus de transports en inter-cités je pense, le RER métropolitain c’est bien mais il faut aussi repenser les modes de transport sur l’axe Bordeaux Espagne, pour les personnes et les marchandises. Peut-être reparler de la ligne grande vitesse et puis des solutions alternatives comme l’idée de liaison par ferroutage entre le port de Cherbourg et Bayonne en alternative à la route.
Aujourd’hui on a l’impression qu’on n’a toujours pas appris de nos anciens, mais non plus de nos propres erreurs. Il y a une cécité, un tel aveuglement par la recherche de profit.
D’autres points qui posent problèmes selon vous ?
Philippe : Il y a quand même un vrai problème de désertification des campagnes, l’implantation de zones commerciales en périphérie a été désastreuse. Un vrai travail de revitalisation est nécessaire et pas uniquement dans les petits villages comme Gourdon. Regardez Sarlat qui n’est pas très loin de Saint Pompon, il n’y a plus que des banques et des boutiques de foie gras, en hiver c’est mort et en été c’est un enfer touristique, nous n’y mettons plus les pieds.
Laurence : En général le tourisme de masse est devenu un vrai sujet dans notre région.
Philippe : Ensuite le réchauffement est une réalité. Par exemple cet été le ruisseau derrière notre maison était presqu’à sec. Les paysans faisaient 3 à 4 aller-retours chaque jour pour remplir leur citerne pour abreuver les bêtes. Le noyer avait des feuilles jaunes dès le mois de juillet.
Laurence : Je remarque aussi qu’on continue à densifier et bétonner dans et autour de Bordeaux et en Gironde.
Philippe : Il y a un article dans Sud-Ouest à ce sujet d’ailleurs aujourd’hui sur la perte de terrain agricole en Gironde.
Laurence : Et en général qu’est-ce que l’artificialisation des sols va donner en cas de fortes intempéries ? Encore plus d’inondations ? Je me souviens des inondations de St Cybranet il y a une vingtaine d’années qui n’étaient pas très graves, quelques pavillons flambant neufs qui s’étaient retrouvés avec de l’eau dans leur cuisine, mais qui montraient déjà qu’on n’avait pas pris en compte les risques au moment de construire, risques qui étaient connus des anciens qui ne construisaient pas sur ces zones. Aujourd’hui on a l’impression qu’on n’a toujours pas appris de nos anciens mais non plus de nos propres erreurs. Il y a une cécité, un tel aveuglement par la recherche de profit.
Si vous étiez à la tête de la Région quels chantiers seraient prioritaires ?
Laurence : Entre la revitalisation des campagnes, les problèmes de transport et les problèmes climatiques il y a déjà de quoi faire !
Philippe : Oui et puis la région est grande, immense. Il y a un enjeu fort que tout le monde se sente chez soi tout en maintenant une solidarité forte avec les autres dans un tel espace. Comment faire pour qu’un basque se sente appartenir à la même région qu’un habitant des Deux-Sèvres. ? Cela peut déjà passer par un respect des pratiques et coutumes locales, par exemple en soutenant les langues locales.
Une dernière question, quels sont vos projets dans les jours qui viennent ?
Laurence : C’est compliqué d’aller visiter nos enfants avec la pandémie et nous avions prévu aller à la foire du livre de Brive en train mais elle a été annulée à cause du Covid donc peut être que nous allons prendre le bus pour Lacanau.
Philippe : ou bien rester à Bordeaux et profiter de la ville.