Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Laurent, 52 ans , père au foyer, expertise en climatologie, météorologie, hydrologie et agriculture
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Je viens du département du Nord et je suis arrivé près de Niort pour un rapprochement familial.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Dans les campagnes en Deux-Sèvres tout va bien. Le seul problème, c'est que la région n'a pas pris la mesure de l'urgence climatique et continue à détruire des réserves d'eau au lieu d'en construire massivement !
Je passe mon temps dehors dans la nature.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Je passe mon temps dehors dans la nature.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
En ville. Une forêt absorbe du CO2 et libère de l’oxygène, une ville produit du CO2 et consomme de l’oxygène (moteur thermique et même respiration humaine). Si on y ajoute les résidus de combustion (moteurs, chauffage, etc), on a une bulle d’air vicié qui fragilise fortement la santé humaine. Les poumons sont une barrière de protection naturelle contre les virus. Quand cette barrière est altérée par la pollution, les individus sont plus fragiles, ce qui pourrait même expliquer en partie pourquoi le Covid touche plus les villes que les campagnes.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
On vit très bien à la campagne et ce serait parfait si les villes n’épuisaient pas les ressources en eau.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
Le manque d'eau à la campagne impacte directement le climat puisqu'il limite fortement la végétalisation des sols !
Le manque d'eau à la campagne impacte directement le climat puisqu'il limite fortement la végétalisation des sols !
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
La Nouvelle-Aquitaine est devenue en quelques années la référence de ce qu'il ne faut surtout pas faire en matière de climat, d'eau et de biodiversité. On a investi des millions dans des études pour anticiper le dérèglement climatique et on s'aperçoit que les actions entreprises sont à l'opposé de ce qu'il fallait faire puisqu'on alterne des inondations et des sécheresses de plus en plus fortes et meurtrières !
On peut agir très vite puisque toutes les lois existent déjà... Il suffit juste de les faire appliquer aux collectivités : tous les rejets (pluies et eaux usées) doivent être traités et infiltrés pour ne pas perturber le cycle de rechargement des nappes phréatiques. Et quand les infiltrations ne sont pas possibles, l'eau doit être recyclée pour des usages non domestiques comme l'arrosage. Les rivières sont le drainage naturel des sols et elles sont caractérisées uniquement par leurs sources. Tous les apports supplémentaires (ruissellements, fossés et rejets de station d'épuration) amplifient le drainage naturel donc assèchent les nappes phréatiques et polluent. Contrairement aux idées reçues, l'irrigation n'assèche pas les nappes phréatiques puisqu'elle contribue à l'alimentation du cycle, c'est au contraire le manque de végétation en été (après les moissons) qui coupe le cycle de l'eau ! Les villes ont enfin compris l'intérêt de la végétalisation mais il faut la généraliser partout en faisant des réserves d'eau l'hiver.
Ça peut paraitre anodin mais en Nouvelle-Aquitaine (NA), la consommation d'eau potable et industrielle, dans les nappes phréatiques, correspond exactement aux prélèvements agricoles. Donc si cette eau était recyclée pour l'arrosage (conformément au code de l'environnement), on diviserait par deux les prélèvements estivaux.
Idem pour les ruissellements urbains : la NA compte 781 200 hectares artificialisées (9.3% du territoire) avec une pluviométrie moyenne de 700mm par an, on obtient 5 milliards de m3 d'eau douce exploitable pour des usages non domestiques comme l'arrosage. Cinq milliards de m3, c'est 3 fois la consommation TOTALE de toute la région (potable agricole et industrie) qui n'est que de 1,5 milliard. C'est 10 fois les prélèvements agricoles estivaux dans les nappes phréatiques (500 millions de m3) , c'est-à-dire qu'au lieu d'irriguer 400 000 hectares, on pourrait en irriguer 4 millions donc la TOTALITÉ de la Surface agricole utile (SAU) de la NA sans prélever une goutte dans les nappes phréatiques l'été.
Concrètement, chaque bassin versant doit avoir un volume d'eau de surface équivalent à la consommation humaine (potable, industrie et nucléaire) plus le volume d'eau nécessaire à la végétalisation des surfaces l'été (villes et campagnes) c'est-à-dire 2000m3 à l'hectare ou 4000m3 à l'hectare pour le maraîchage). L'évapo-transpiration, c'est la part du climat et elle correspond à 70% des pluies, si on prend la part du climat, il se dérègle comme dans les déserts.
PS : Le bassin versant de la Sèvre niortaise (au niveau de la Tiffardière) fait 1070 km2 et reçoit une moyenne 900 millions de m3 par an. Depuis le 18 novembre 2019, la Sèvre a évacué 683 millions de m3 d'eau douce dans la mer (74% des précipitations annuelles alors qu'il ne faudrait jamais dépasser les 30% ) avec 5 périodes d'inondations.
Je publie mes recherches sur
https://www.mediaterre.org/actu,20200503184212,1.html
https://www.mediaterre.org/actu,20200810121408,1.html
https://www.mediaterre.org/actu,20201011103814,1.html"
La réduction des émissions de CO2 est primordiale en ville parce qu’il n’y a pas assez de végétation pour l’absorber et fournir de l’oxygène.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
Ce n'est pas la biodiversité qui va sauver le climat mais c'est en sauvant le climat qu'on sauvera la biodiversité !
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
75% de la population habite en ville avec une déconnexion complète avec la terre et le vivant ! On a mis les hôpitaux en ville parce qu'il y avait plus de malades et le Covid nous prouve bien que le problème est en ville !
La forêt est un écosystème autonome qui a survécu seul pendant des millions d’années. La ville n’est pas un écosystème mais une invention humaine qui a les caractéristiques opposées à la forêt : elle a un bilan climatique bien pire qu’un désert de sable et affecte gravement la santé humaine.
La réduction des émissions de CO2 est primordiale en ville parce qu’il n’y a pas assez de végétation pour l’absorber et fournir de l’oxygène. A la campagne, l’air n’est pas vicié parce que les surfaces végétales sont plus importantes que les surfaces artificialisées. Et encore une fois, c’est la concentration urbaine qui pose problème !
Les surfaces végétales baissent l’albédo des sols, évacuent la chaleur (chaleur latente), absorbent du CO2, libèrent de l’oxygène, nourrissent et protègent toute la biodiversité sur les continents … En ayant stigmatisé la consommation d’eau des plantes (et donc de l’agriculture), on détruit la vie sur terre !
La caractéristique d'un désert, c'est justement l'absence de végétation et donc de photosynthèse !