Depuis quand vivez-vous à Bordeaux ?
Loïc : Depuis toujours ou presque. Je suis né dans la métropole et j’ai vécu à Bordeaux depuis que j’ai 11 ans. J’y ai grandi, j’ai fait mes études de droit à l’université de Bordeaux il y a une quinzaine d’années et j’y travaille en tant qu’avocat.
Vous n’êtes jamais sorti de Bordeaux ?
Loïc : Si bien sûr. J’ai passé par exemple plusieurs mois à Montréal, une ville très attachante, où j’y ai trouvé de grands parcs, un urbanisme réfléchi qui met tout à proximité et une ambiance apaisée, civilisée. Mais trop loin de ma famille. J’ai préféré rentrer.
J’ai connu Bordeaux noire, des quais infréquentables et je mesure l’amélioration de la qualité de la vie. Et des relations entre les personnes aussi.
Vous ne regrettez pas parfois ?
Loïc : Non ! J’ai connu Bordeaux noire, des quais infréquentables et je mesure l’amélioration de la qualité de la vie. Et des relations entre les personnes aussi. En quelque sorte, nous nous rapprochons peut-être d’un modèle canadien moins conflictuel.
C’est peut-être lié au renouvellement de la population de la ville ?
Loïc : Pas seulement, certes il y a une gentrification mais le changement d’environnement la qualité de vie améliorée porte des effets réels sur les relations entre les personnes. C’est difficile de trouver des Bordelais qui vous diront que c’était mieux avant.
Que faire contre la gentrification ?
Loïc : Je ne sais pas. Elle n’est pas que négative mais c’est vrai qu’elle a tendance à aseptiser et elle pose certains problèmes sur l’offre de logement. Je ne suis pas sûr qu’il y ait encore beaucoup d’étudiants cours d’Albret où je logeais quand j’allais à la fac. Le plafonnement des loyers pourrait être une bonne chose pour freiner l’emballement.
Dans votre quotidien rencontrez-vous des difficultés ? des points noirs ?
Loïc : Pas vraiment mais je suis conscient que j’ai de la chance. Ma femme et moi allons au travail à vélo, nous déposons en chemin nos enfants à l’école et chez l’assistante maternelle qui est à deux pas, nous avons notre famille et tout ce dont nous avons besoin à moins de 15 min à pied autour de nous… un peu comme à Montréal !
Vous passez tout votre temps à Bordeaux du coup ?
Loïc : En tant que profession libérale et avec deux enfants en bas âge ce n’est pas toujours facile de faire des longs voyages mais nous allons régulièrement dans l’Entre-deux mer et souvent les vacances nous descendons vers le pays basque. On reste dans la Région.
Au niveau écologique vous êtes engagé ?
Loïc : Oui et non, comme tout le monde dans des gestes du quotidien. Evidemment le tri et l’utilisation des composteurs partagés qui ont été mis en place, une bonne idée. Les déplacements en vélo mais tout le monde ne peut pas le faire. D’ailleurs nous réfléchissons à nous séparer de notre véhicule. La voiture stagne sur sa place de parking mais finalement nous ne nous en servons que pour aller au Drive et faire des déplacements épisodiques. Des voisins ont franchi le pas et n’utilisent que Citiz désormais et ça fonctionne. Avec deux enfants jeunes c’est peut être un peu plus compliqué pour nous…. Mais ce n’est peut être aussi qu’un blocage psychologique.
C’est un peu plus que comme tout le monde.
Loïc : C’est vrai que les comportements n’évoluent pas si vite que cela. Je le vois surtout au niveau professionnel ou les préoccupations environnementales ne sont pas prioritaires c’est le moins qu’on puisse dire. Le gâchis de papier est phénoménal mais c’est aussi un comportement qui n’est pas orienté vers l’écologie. C’est dommage.
C’est vrai que les comportements n’évoluent pas si vite que cela. Je le vois surtout au niveau professionnel ou les préoccupations environnementales ne sont pas prioritaires
En tant qu'avocat, comment se passe votre activité ?
Loïc : L’activité est intense mais ce n’est pas un mauvais signe. Les problèmes sont plus dans le fonctionnement de la machine judiciaire et de l’administration qui compliquent parfois singulièrement les choses.
Par exemple, j’interviens dans des dossiers de protection de l’enfance, en conseil des familles, pour la défense des enfants ou encore auprès d’associations. Il y a des règles qui devraient bien fonctionner, mais on se retrouve souvent dans des situations ubuesques par manque d’effectif ou de moyens. Voilà une famille qui ne peut voir son enfant parce qu’il n’y a personne pour l’accompagner, d’autres fois ce sont des dossiers qui n’avancent pas. Il ne s’agit pas de revoir les dispositions mais de donner plus de moyens, un peu plus de budget pour les faire fonctionner. Derrière ce sont les enfants qui subissent, ce n’est pas tolérable.
Cette lourdeur on la retrouve aussi au sein de la profession d’avocats, c’est compliqué de faire bouger les choses.
Si vous aviez le pouvoir comment changeriez-vous cela ?
Loïc : Honnêtement je ne sais pas. La question est de savoir de quel pouvoir parle-t-on. Est-ce que les hommes politiques ont encore le pouvoir ? C’est un lieu commun de dire qu’il y a une crise de la démocratie mais elle est pourtant bien là et ce n’est pas qu’une perte de relation entre les élus et les électeurs mais aussi la capacité des élus à agir face à l’inertie de l’administration. Si j’avais le pouvoir, j’essaierais de redonner du sens au mot pouvoir.