Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Martyna, j'ai 19 ans et je suis étudiante en L1 Lettres et vendeuse en boulangerie le samedi. J'habite à Pessac depuis plus d'un an maintenant, en collocation dans une maison.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Je suis née en Pologne et suis arrivée en France à l'âge de 7 ans. J'ai d'abord vécu à Nice puis en Corse pour arriver à Pessac le 1er septembre 2019 dans le cadre de mes études.
À quoi ressemble votre quotidien ?
J'habite dans une maison entourée d'un jardin à Pessac avec des gens fabuleux, tous et toutes végétarien-ne-s. J'ai pour habitude de travailler mes cours à la maison mais aussi à la bibliothèque. J'aime sortir en forêt où je me suis trouvée une cabane. Et une part extrêmement importante de ma vie, c'est le combat pour la liberté et la justice. Ainsi, je fais partie de plusieurs associations comme Anonymous for the voiceless, L214 pour défendre les droits des animaux non humains et essayer de changer la perception des gens à leur égard.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
Les moments où je me sens le mieux sont ceux où je suis entourée de personnes qui partagent mes valeurs, durant les différentes actions que nous menons pour les animaux non humains. J'aime également la nuit, particulièrement, puisqu'elle est un moment de recueillement, de travail sur soi, de méditation. J'aime également énormément mes balades en forêt où l'air est pur et l'esprit libre.
J'aime également énormément mes balades en forêt, où l'air est pur et l'esprit libre.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
J'ai beaucoup de mal avec la foule et c'est un déclencheur d'anxiété pour moi, une anxiété que je combats sans cesse avec mes actions de rue pour les animaux non humains. J'apprends à me dépasser et à être meilleure.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Habiter ici me permet de m'engager à différents niveaux, comme je n'avais pas pu le faire précédemment. J'aime énormément Pessac et Bordeaux, ce sont des endroits reposants et dynamiques, ouverts et culturels.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
Rien.
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
Ayant une approche abolitionniste de l'exploitation animale mais ayant conscience que les changements doivent se faire petit à petit, je pense que je végétaliserais la moitié des repas dans les cantines, Crous, restaurants universitaires. Il est vrai qu'étant étudiante, je ne peux pas me nourrir à l'université puisque je suis vegan. Je ne consomme donc pas de viande, d'œufs ni de lait ou de miel, soit tout aliment qui résulte d'une exploitation animale. Il y a parfois une seule option végétarienne mais rien du côté vegan.
Je végétaliserais la moitié des repas dans les cantines, Crous, restaurants universitaires.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
Il faudrait préserver l'environnement, la nature, le respect et la vie sous toutes ses formes, des valeurs qui se perdent aujourd'hui au profit de plaisirs égoïstes personnels. Il est urgent aujourd'hui de mettre l'accent sur la préservation de l'environnement, tout comme les êtres qui le peuplent parce que sans cela, nous allons droit vers notre propre extinction. Au-delà de ce fait anthropocentriste, tout être mérite la vie et la liberté ; Il n'existe pas pour autrui, seulement pour lui-même.
Il faudrait préserver l'environnement, la nature, le respect et la vie sous toutes ses formes, des valeurs qui se perdent aujourd'hui.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
Je pense que ce qui manque aujourd'hui, c'est cette union avec la nature et les différents êtres qui l'habitent. L'urbanisation de l'espace a complètement coupé les humains de la nature alors même qu'elle est l'origine de notre vie. Il me manque de voir des animaux non humains libres dans les forêts puisque chassés et traqués à mort. Il me manque d'être approchée par des êtres sans crainte parce que tout ce qu'ils connaissent aujourd'hui, c'est la violence. Ce qui m'étonne grandement, c'est cette façon qu'ont les humains de dire à leurs enfants que ''les animaux sont les amis de l'homme'', cette façon qu'ils ont de conter les histoires avec ces mêmes animaux et en même temps les consomment et les exploitent pour leurs corps, leurs appareils reproductifs. Je pense ici aux vaches et au lait qu'elles produisent pour leurs petits qui sont tués et dont le lait est volé pour les humains qui n'en ont pas besoin... Quelle espèce boit du lait, qui plus est d'une autre espèce, lorsqu'elle est adulte ? Cette absurdité est à l'origine de la dissonance cognitive des êtres humains qui se voient confrontés à leurs actes contradictoires.