Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Pascale, j’ai 51 ans, et je suis actuellement au chômage suite à une maladie professionnelle.
D'où venez-vous ? Quand et comment êtes-vous arrivé(e) ici, dans cette région ?
Je suis arrivée à Gujan-Mestras il y a 45 ans. Mon père, fonctionnaire de police y a été muté. Je suis née à Libourne en Gironde.
Quel est votre plus beau souvenir ici ?
Mon plus beau souvenir est sur ce territoire, avec cette rencontre toujours renouvelée avec le bassin d’Arcachon, son côté sauvage, la dune du Pyla. J’aime sentir les odeurs du bassin, voir les vagues en plein hiver, les champignons, les huîtres. J’ai besoin du bassin ! Je regrette juste l’urbanisation croissante. L'été 2020, il y avait trop de monde.
La Gironde est un territoire qui me parle. J’apprécie la richesse des paysages, de la culture. C’est un pays du vin.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Je vis en couple, avec un Corse qui apprécie aussi le bassin. Nous avons ensemble une fille de 15 ans. Il travaille à proximité de la maison. Je suis sans activité professionnelle, dans l’attente d’une formation qui devrait être payée par la Région. Mon endroit préféré est la Chêneraie, une forêt originelle des Landes où il y a à la fois du chêne et des pins. Elle longe le canal des Landes et est juste derrière ma maison. J’aime me promener dans la forêt, marcher mais aussi le jardinage (culture des légumes et fleurs). J’ai des voisins que je vois régulièrement ; Il y a une bonne entente entre nous. J’aime me déplacer à pied. Quant à manger, je privilégie le bio quand ça n'est pas trop cher, sinon, le discount alimentaire et la viande à la boucherie. C’est une question de budget.
Qu'aimez-vous dans votre lieu de vie ?
J’aime que Gujan-Mestras soit sur le bassin d’Arcachon mais il y a trop de monde l’été. Il y a beaucoup de choses que je n’aime pas comme la faiblesse des transports en commun : quand ils passent toutes les heures, ce n’est pas attractif. Je considère que les infrastructures ne suivent pas la croissance de la population : le pôle de santé est déjà trop petit et il n’y a pas assez de médecins ; Les routes sont bloquées et la culture est un manque. Il n’y a pas assez de végétalisation, on a détruit trop de forêt. A proximité de ma maison, plusieurs hectares ont été détruits pour construire un échangeur. Nous sommes à la capacité maximale de population. C’est un cul-de-sac, pas d’emploi, une ville-dortoir.
Je reste car c’est ma région. J’aime y vivre mais ma ville manque de personnalité.
Qu'aimez-vous dans votre département ou les autres endroits qui vous entourent ?
La Gironde est un territoire qui me parle. J’apprécie la richesse des paysages, de la culture. Bordeaux est une très belle ville, c’est un pays du vin. La proximité avec Bordeaux est une richesse pour nos enfants. Ils peuvent y trouver un emploi. Bordeaux est attractif en terme de culture.
Je considère que les infrastructures sur le bassin ne suivent pas la croissance de la population : le pôle de santé est déjà trop petit et il n’y a pas assez de médecins. Les routes sont bloquées. La culture est un manque.
Qu'aimez-vous dans votre région ?
La région est une identité qui ne me parle pas. Il n’y a pas d’identité commune entre le Pays Basque et les Deux-Sèvres.
Par ailleurs, on ne sait pas ce que fait le conseil régional. Par exemple la formation professionnelle, TER, lycées, les maires disent toujours que c’est eux alors que c'est la Région.
On nous disait que la grande Région devait nous rendre plus fort économiquement mais on ne le sent pas.
Quels sont les endroits, situations, moments où vous vous sentez le mieux dans votre quotidien ?
L’après-midi dans mon jardin en face de la forêt, les écureuils, les hérissons.
À l’inverse, quels sont les endroits, ou situations, où vous ne vous sentez pas bien ?
La foule, les embouteillages, où il y a du bruit. On a de plus en plus de bruit. Certains de mes amis ont déménagé en Bretagne car il y a trop de monde et de bruit, ici.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous permet (de faire, de vivre…) ?
Vivre ici me permet d’avoir le contact avec la nature.
Faciliter les déplacements notamment en train, développer le ferroutage, ne pas fermer les gares.
Qu'est-ce qu'habiter ici vous empêche de faire ou de vivre ?
De trouver un emploi ou d’accéder à la culture.
Si je devais habiter ailleurs, je resterais ici sur le bassin mais dans une maison avec un peu plus d’espace. Car actuellement, je n’ai pas les moyens d’acheter autre chose qu’une petite maison de 40 m2 ! J’habite ici car j’y suis attachée. Mon conjoint est arrivé ici à l’âge de 6 ans.
Après, sur le bassin en dehors de Gujan, il n'y a pas grand chose qui me plaît. La Teste est moche : construction anarchique, pas de centre-ville. Tout est délocalisé dans la zone industrielle, sens de circulation pas optimisés, problème de stationnement, d’évacuation des eaux pluviales. Arcachon est une ville de vieux. Et Gujan est proche des plages. J’aime bien Andernos, qui grandit intelligemment, avec de la mixité sociale. En revanche, Mios grandit trop vite.
Si vous aviez le pouvoir politique de changer une chose dans la région, quelle serait-elle ?
En premier, développer l’activité économique : elle n’est qu’à Bordeaux. L’emploi est la priorité.
Si j’avais le pouvoir, je développerais les nouvelles technologies, l’écologie, l’éolien, la marée et les courants. On a l’impression qu’il y a que la forêt, le vin, l’aérospatial mais on a plein de ressources ici.
Mais aussi faciliter les déplacements notamment en train, développer le ferroutage, ne pas fermer les gares.
Je développerais aussi la mixité sociale car, sur ce territoire, c’est parfois que des riches ou que des pauvres.
Comment voyez vous votre région dans 5 ans ? dans 10 ans ?
Vision assez pessimiste : trop de monde, trop de pollution, pas d’emploi, tout le monde sur le littoral ou dans les métropoles... Une des régions les plus attractives car il y a un confort de vie. Personne n’a envie de vivre dans les Deux-Sévres ou la Creuse. Tout le monde veut venir vers l’océan. Ailleurs, il n’y a pas assez d’écoles, d’hôpitaux... les services à proximité attirent la population.
Si je partais et vendais mon chalet, il est possible de trouver mieux et moins cher mais je n’aurais pas les services. Si tu as un grand jardin et que tu passes du temps à te déplacer, ce n’est pas la qualité de la vie.
Je développerais la mixité sociale car, sur ce territoire, c’est parfois que des riches ou que des pauvres.
Selon vous, que faudrait-il préserver ?
La forêt, l’eau, l’air, notre santé à cause des nuisances sonores. Notre alimentation en développant les circuits courts, les centres-villes, moins dépendre des zones industrielles.
Et dans ce demain que vous imaginez, de quoi avez vous besoin pour vous sentir vraiment bien ?
Le travail et l’emploi pour moi, pour ma fille. On arrive dans une grosse crise économique, suite au Covid.
Il y a des perspectives. Par exemple, comme il va faire de plus en plus chaud, on pourrait désaliniser l’eau. On créerait de l’emploi. Pourquoi ne pas mettre des éoliennes dans la forêt, ne pas utiliser l'énergie des marées aussi ? On a besoin d’innovation.
Les services à la personne ne permettront pas d’occuper tout le monde à temps plein.
La formation des jeunes est bien faite. Mais, pour rentrer dans le monde du travail, ma fille devra bouger. Plus ça va, plus le territoire devient une maison de retraite !